Un autre printemps
Istanbul - Turquie
Ed Tullett - Silver dive
Lecture : Orhan Pamuk - Istanbul
La Ville...
Soirée où les jeunes se réunissent au pied de Galata Tower |
Après la course au printemps Arabe, c'est donc un tout autre printemps que je m'apprête à vivre ici. Un printemps de renaissance, de verdure, d'air frais.
Mosquée Suleyman au coucher de soleil |
Les jardins près du palais Topkapi |
Le pont sur le Bosphore, reliant l'Asie à l'Europe |
« Celui qui se connaît lui-même et
les autres reconnaîtra aussi ceci :
l'Orient et l'Occident ne peuvent plus
être séparés
- Johann Von Goethe
Vue de la New Mosque depuis le Galata bridge |
Nous avons aussi pu visiter un paquet d'expositions d'arts, classique ou contemporain, de calligraphies islamiques, d'histoire... Istanbul mérite amplement son statut de capitale européenne de la culture. Je suis allé visiter le musée de l'archéologie, son immense collection qui nécessite une journée à elle seule, proposant des pièces des empires Byzantins, Perses, Ottomans, Grecs, Romains, des pièces du néolitihique, le cerceuil d'Alexandre le Grand et les premiers balbutiements de l'écriture cunéiforme. Et c'est intéressant de voir ce qui revient et ce qui change d'un musée à l'autre, d'un pays à l'autre. J'ai seulement encore plus envie de me plonger dans des livres d'histoire des civilisations. J'étais même frustré de réaliser à quel point mon apprentissage de l'histoire a été bâclé, oubliant d'immenses empires sous prétexte qu'ils ne font pas partie de "notre" histoire. Parce qu'on réalise à quel point tout s'entremêle, tout s'influence. Il n'existe pas des histoires, mais une Histoire, plastique, mobile, continuellement changeante, transformant ses acteurs et transformée par eux-mêmes, et c'est magnifique de ne pas seulement connaître notre partie histoire, mais l'Histoire, et d'essayer de la comprendre. Comprendre ce qui est sous-jacent à la culture, ce qui sous-tend nos façons de penser. C'est un rêve utopique. Le savoir universel n'existe plus. Mais plus j'en découvre, plus j'ai soif de savoir.
Une manifestation? Déferlement de passants sur Isklal Cad |
Vue sur Beyoglu et Karakoy à partir du Bosphore |
Européens, Istanbul est une porte sur l'Orient, une destination exotique accessible. Et on dirait parfois qu'elle se porte garante de la culture orientale pour plaire à cette soif d'exotisme, tout en restant agréablement Européenne pour ne pas être insécurisante. La sheesha, par exemple... Alors qu'en Égypte, elle était fumée partout, par le vieux commerçant devant la porte de son marché, ici je l'ai trouvée partout où il y avait des touristes, mais rarement dans les villages.
Mais bon. Quel est le vrai Istanbul? J'imagine que c'est tout ça, incluant l'apparât à touristes. Tout comme le plateau Mont-Royal et le Vieux Montréal sont autant de "Vrais" Montréal que l'est Hochelaga-Maisonneuve...
... Et la nature
Eddie Vedder - Guaranteed (Je n'avais pas le choix!)
Je suis finalement allé rejoindre Mathieu à Egirdir où nous partions pour 7 jours de randonnée dans les montagnes du cenre de la Turquie.
... Et ça à été une semaine complètement cinglée.
Les beautés ne se comparent pas. Mais souvent, j'aurais aimé utiliser quelques superlatifs pour tous les paysages qui nous entouraient. La Turquie est un peu négligée comme territoire de trek, mais j'ai envie de vous convaincre que vos jambes y trouveront leur bonheur!
"Leave it to me as I find a way to be
Consider me a satellite, forever orbiting
I knew all the rules, but the rules did not know me
Guaranteed"
- Eddie Vedder
Entre ciel et terre |
La maison de Cesaye, à travers les pommiers en fleurs |
La traversée des cols enneigés |
Notre campement sur le bord du lac |
restants pour le lendemain, sans demander une cenne. Le lendemain, c'est ensuite Yaçar qui, en nous pointant le bon chemin, nous a offert 2 pommes. Puis, on s'est fait inviter dans un festival de poisson, à la fin d'une exténuante journée de marche entre ciel et terre, où on nous a gavé gratuitement pour souper. En repartant le lendemain, un villageois nous a courru après, simplement pour nous donner un gros sac de pommes et repartir dans l'autre direction avant qu'on aie pu dire merci.
Conditions pas toujours idéales |
Le bateau de pêcheur de Mostafa |
Notre tente en coton au milieu de la neige |
bras ouverts avant de se faire offrir sans hésiter une place à table pour partager le repas, toujours sans débourser quoi que ce soit. On a participé à la prière après le repas. Puis on nous a demandé si on aimerait participer à la prière du soir, à la Mosquée, pour voir ce que c'est; Les non-musulmans ne sont jamais admis dans les mosquées pendant les heures de prières... ça vous donne une idée de l'accueil qu'on nous a porté. On a fini la soirée à discuter religions, philo, christianisme, islam et athéisme avec le jeune imam. J'ai eu de la misère à m'endormir ce soir là, car je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Ça bouleversait ce que je croyais connaître du monde, de cette difficulté maladive qu'on a à faire confiance à qui que ce soit...
C'était une expérience merveilleuse. On rêvait aux marques qui tracaient notre chemin et qui nous ont donné du fil à retordre. On s'est retrouvés sur des sentiers rocheux qui ressemblaient plus à de l'escalade que de la randonnées, sur des parois qui donnaient des vues imprenables sur le lac. On a perdu nos traces dans la neige, le brouillard, les forêts. On s'est poussés à bout. Et c'était merveilleux. Je ne me suis jamais senti aussi vivant. Et Mathieu dirait "Et on n'a jamais été aussi morts!".
Je parlais avec lui, à la fin d'une journée, sur le fait qu'il m'arrive souvent de réfléchir à comment je pourrais décrire ce que je vivais dans mon blog. Parce que trouver la meilleure façon de vous faire part de ce que je vis, c'est toujours difficile. Mais j'adore écrire, et penser à comment je vais écrire remplis mon besoin de générativité, de créativité, mon besoin de "produire" quelque chose. Et aussi ça matérialise les rêves que je suis en train de vivre. Et je discutais de tout ça avec Mathieu.
"- Mais peut-être qu'il y a des rêves qu'on ne pourra jamais matérialiser par écrit..."
On se retourne tous les deux, on regarde le paysage, les sommets enneigés, le lac, le soleil de fin d'après-midi, grisés par l'endorphine de cette longue journée de marche.
"- Ouais. C'est vraiment un foutu beau rêve..."
Je corrobore tout. Sauf que le cercueil d'Alexandre le Grand n'est pas au musée d'archéologie d'Istanbul. Ça s'appelle le cercueil d'Alexandre parce qu'il y a des images des combats d'Alexandre sculptés dessus. C'est vrai par contre que les archéologues pensaient que c'étaient celui d'Alexandre le Grand quand ils l'ont trouvé. Il faut lire les pancartes dans les musées...
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