Sur la route du Jasmin

J'ai maintenant un attachement affectif pour le drapeau tunisien!

Tunis
Maroon 5 - Moves like jagger

Aslema!
Voilà, je viens de terminer mon stage. Vraiment, je souffre de la page blanche, je ne sais pas du tout quoi vous écrire. Comme si je n'avais pas encore eu le temps de bien organiser ma tête pour savoir quoi vous raconter...

Il y a plus de photos dans ce post que dans tout mon blog. Voyez-vous la Tunisie, c'est foutuement beau. Et dépaysant, ce qui n'était pas vraiment le cas de la Californie. Je vais laisser vos yeux se gâter, et essayer de vous épargner du long texte pour cette fois. Je suis fatigué et je manque de temps pour vous écrire les détails...

Les premières semaines ressemblaient à un mois de novembre. Il faisait plutôt froid et il pleuvait souvent, ce qui me valait d'être accusé d'avoir amené le froid du Canada! Ça ne m'a pas empêché de trouver la Tunisie vraiment belle, même si, on s'entend, un temps gris reste un temps gris... Mais le soleil était d'autant plus beau et agréable lorsqu'il est apparu! Alors maintenant, revoilà le temps normal, le soleil et la chaleur qui sont revenus. Ça sent le printemps à plein nez!

Ma vue de la maison

Sur la démocratie
Une des premières merveilles de ce voyage, ce sont les discussions politiques riches que j'ai pu avoir ici. Un pays entier qui s'éveille à la démocratie et la liberté d'expression après des année d'oppression, ça a envie de parler! Ça change de notre apathie collective. En espérant que le jeu politique ne leur fasse pas perdre espoir trop tôt. Car le jeu démocratique, malheureusement, vient aussi avec ses problèmes et ses défauts, et ils l'apprennent à leurs dépends... Mais toutes ces
discussions m'ont aussi perturbé sur des choses que je croyais évidentes. Demander à un Tunisien s'ils préféraient la dictature de Bourguiba des années 70, ou la démocratie sous Nahda...le choix n'est pas si évident... Mais bon. Il y en a tellement à dire, ce sera quelque chose d'autre que je vous réserve pour discuter autour d'une bière...ou d'un thé à la menthe.

La place du 14 janvier, qui a vu naître la révolution il y a à peine un an

Sur l'Islam
La Tunisie était aussi mon premier voyage en pays majoritairement musulman. Je ne sais pas trop comment je dois parler de l'Islam, simplement parce que tous ceux qui me lisent ont des bagages très différents et que d'habitude, à des auditoires différents, on explique différemment.

L'appel à la prière, le chant qu'émettent les minarets
5 fois par jours, a quelque chose d'envoutant

Alors, avec mon petit bagage d'occidental qui se bat quotidiennement pour une plus grande ouverture d'esprit, je suis conscient des préjugés qui sont véhiculés, même si je n'y adhère pas. Malgré tout, l'Islam m'a surpris. Lire "Life of Pi" avant de partir est peut-être un bon prérequis d'ailleurs. Mais l'Islam, pour ceux qui n'ent connaissent pas grand chose, est une religion magnifique, qui est centrée sur l'amour non seulement des autres, mais aussi de toute chose. C'est aussi une religion très humble; Si la mosquée est un lieu de rassemblement, le simple tapis chez soi suffit quand-même amplement pour la prière. Et pas besoin d'un prêtre pour prier, car il ne devrait pas y avoir d'intermédiaire entre soi et Dieu.

Sinon, petit cours de culture religieuse, l'Islam vénère le même Dieu que le judaïsme (Allah = Dieu en arabe) et le christianisme. Ils croient en l'existence de Jésus, comme un des prophètes, et Mahomet est simplement le dernier des prophètes. J'ai même apris que le Coran imposait le respect de toutes religions. On ne pouvait jamais détruire une église pour construire une mosquée (alors que l'inverse a été fait trop souvent, sans aucun remord...)

C'est seulement triste que parfois, le seul préjugé que les occidentaux retiennent, c'est d'associer "Allahou Akbar" avec des bombes qui sautent. Allahou Akbar, ça veut simplement dire Dieu est Grand. Et le Coran n'incite aucun musulman à commettre d'attentat, nulle part.

Bref. Je suis toujours totalement non-religieux. Mais j'ai trouvé enrichissant d'en apprendre sur une religion que je côtoyais déjà parfois mais que je n'ai jamais cherché à comprendre.

La mosquée de Kairouan, l'une des 4 villes saintes de l'Islam

Sur la médecine.
C'était finalement un stage de médecine interne, car il n'y avait aucun des stages que j'avais demandé. J'avais appliqué pour Médecine Tropicale, Toxico, Médecine Sociale... Ça m'apprendra à faire des choix de hippies! Mais le stage était très bien. Parfois relaxe, mais les étudiants et les professionnels étaient très accueillants. Ça m'a aussi permis de réviser beaucoup de mon multisystème avec un paquet de lupus et de connectivites. Et quand on avait rien à faire, je pratiquais mon Arabe Tunisien, avec des trucs vraiment importants comme Qaddach amrek (t'as quel âge?), Ena min Canada (je viens du Canada) et Inti maersa (tu es mariée?)...

Quelques coups de coeur.

Sidi Bou Said, c'est la petite perle de la Tunisie. Un quartier hyper touristique, il faut s'entendre. Mais quand même. C'est magnifique. Une petite colline sur la côte avec ses cafés et ses maisons bleues et blanches typiques.

Vue de la terrasse du Café des Délices (oui, comme la chanson de Patrick Bruel) à Sidi Bou Said

Voir ici la chanson de Patrick Bruel à propos du café des délices (qui est la photo ci-haut)

Les oranges et les maisons blanches et bleues de Sidi Bou Said.

Le Sahara, avec 2 québécois, une égyptienne et un Tunisien. Petite fin de semaine de trois jours à la porte du désert, avec les étendues de sables, de roches, de sel, les oasis, etc.

Imaginez le silence de ce moment! Faire le vide? Oui, merci!

Le Sahara et le ciel mauve de fin de journée

Le sable blanc du Sahara

Zaghouan, et la randonnée avec une externe de 5e et un groupe de randonnée, des gens vraiment trop agréables que je regrette de ne pas avoir rencontré plus tôt! Prendre le grand air était vraiment ce qui me manquait!

La tombe de la jeune fille. Avec toute sa légende

Ah, la nature, l'air frais. Merci Zaghouan!

"Honnêtement, je ne suis jamais plus heureux qu'au sommet d'une montagne" - Moi à une amie, au moment de prendre cette photo.

La méditerranée, la côte, sous toute ces formes, était magnifique! Et en Tunisie, on la retrouve partout! On m'a répété tellement souvent que j'aurais dû revenir en été pour pouvoir profiter des plages et de la mer. Mais bon, vous me connaissez, moi et le tourisme...

D'ailleurs, parlant de tourisme, mon complexe de tourisme ne s'améliore pas. Je ne veux tellement pas être considéré comme tel, c'est incroyable, presque pathologique. Je crois que je suis allergique aux gens qui n'essaient pas de creuser plus profond et de mieux comprendre un culture et qui se contentent des clichés et de l'exotisme, alors j'essaie de m'en dissocier le plus possible...

La Marsa, la méditerranée, le ciel orangé, et la paix.

La plage de Ghar el melh (Cap Farina)

Moi, le bateau et la méditerranée (Merci Yasmine)

Contre vents et marrées, à Bizerte

Bon. Je vous laisse quelque mots pour quitter, et il y a encore quelques photos que je voulais vous laisser. Je pars maintenant, mon stage étant terminé, il ne me reste qu'à voyager. Je commençais à m'enliser dans mon confort. Et quand on ne sort pas de sa zone de confort, on ne vie pas, et on ne retient rien. Alors voilà, je prends le train dans quelques heures. Ça commence au sud, à Djerba, ou m'attendent une île, la côte, et un vélo. Il reste encore de la Tunisie à visiter, alors j'y reste encore 2 semaines. Après ça, on dit que je serai plus Tunisien que les Tunisiens! Peut-être aurai-je encore des choses à écrire sur ce pays magnifique dans 2 semaines.

Déjà encore quitter des gens, un lieu où je m'étais installé, c'es toujours le même combat. En voyage, je laisse des petites parties de moi-même un peu partout où je vais. À partir de maintenant, je me sentirai toujours très fortement attaché à cette Tunisie qui m'a été si accueillante. L'hospitalité des gens va me manquer. Et aussi les Soukh animés de la médina que je traversais presque 3 fois par semaine, les oranges qu'on cueillait fraîchement pour se presser un jus, les olives et l'Arissa avec le pain à chaque repas, les épices, les maisons de chaux blanche, les amandiers en fleurs sur le bord des routes.

Bon. Sbalakhir!