Notre petite histoire

Notre histoire n'est pas un modèle à suivre, mais simplement un exemple de ce qui peut arriver quand les bonnes conditions sont mises en places. 

Dans notre couple, c’était clair depuis bien avant les enfants que nous partagerions le congé parental. En fait, ça valait pour la vie en général; Il n’était pas question qu’Anna laisse tomber ses propres ambitions pour devenir la sous-directrice du département "famille et ménage" de notre projet de vie et me permettre de m'épanouir dans ma propre carrière. Nous avions tous deux des objectifs dans la vie et c’était important pour nous que tous deux ayions la chance de les atteindre sans qu’un de nous deux se sacrifie seul pour la vie familiale et les tâches ménagères. Nous avons choisi de vivre ensemble pour faire les choses ensemble.

Je me sens tellement ridicule de seulement devoir l’écrire, alors que ça devrait aller de soi. Mais bon,  on n'est pas tous arrivés en 2017 en même temps, apparemment.

Alors, quand on a eu nos jumeaux, j'ai fini par prendre la majorité du congé parental. Comme on était dans une période de changements et de déménagements, on s’est permis de prendre plus que le congé habituel, malgré la perte de revenu que ça engendrait. Grosso modo, on a été tous les deux avec les enfants pour les 4 premiers mois,  j’ai travaillé ensuite 2 mois, on s'est poussés en Suisse et je suis retourné à la maison alors qu'Anna retournait au travail. J’ai passé les 8 prochains mois avec les enfants pendant qu’Anna travaillait avec son horaire de résidente en chirurgie (C'est-à-dire plus de 60h par semaine, avec parfois jusqu'à trois jours sans qu'elle ne voie les enfants).

Est-ce que j’ai eu peur? Oui. Et pour plusieurs raisons. Et si c’était vrai, que les enfants sont tellement plus attachés à la mère qu’au père? Et si je ne l’avais pas, cet instinct naturel qui font faire des miracles aux mères? Et si le transfert de l’allaitement vers la bouteille ne marchait pas? Et si, quand Anna travaille de nuit, les enfants ne se calmaient pas s’ils se réveillaient et qu’il n’y avait que moi?


En plus, c’était des jumeaux. J’ai déjà écrit un peu à propos du défi qu’imposent des jumeaux. Surtout dans un nouvel environnement, sans réseau social et sans grands-parents proches pour donner un coup de main. Avec des jumeaux, tu te retrouves toujours en désavantage numérique.

Mais on l’a fait.  

Et je ne les ai pas perdus au supermarché (c'était proche mais je les ai retrouvés). Ils ne se sont pas fait kidnapper pendant un moment où je n'étais pas attentif. Ils n’ont pas perdu un bras ou une jambe. Je ne les ai pas rendu obèse en leur donnant n’importe quoi à manger ou en les asseyant devant la TV 8h par jour. Je crois que j’ai été un bon papa à la maison.



Et maintenant, on connait bien nos enfants. Il y a même des choses que je connais un peu mieux sur eux que ma femme. Quand on va chez le pédiatre, c'est majoritairement moi qui parle. C'est moi qui ai supervisé l'introduction des aliments. Je leur ai fait des dizaines de purées différentes avec texture progressive, digne de 3 fois par jours - édition spéciale purée. Généralement, c'est moi qui sait ce qu'il reste au frigo, quand on doit faire le lavage, quand il manque de couches ou quand les comptes doivent être payés.

C'est génial, de savoir ce qui se passe avec tes propres enfants et ton foyer. Vous devriez essayer. Mais c'est aussi un stress supplémentaire de devoir toujours garder un œil sur tous ces petits facteurs.  C'est ça, la charge mentale, et c'est ça que la grande majorité des femmes doivent encore constamment supporter, souvent seule, qu’il y ait des enfants ou non. Dans notre couple, une bonne partie de la charge mentale m’est revenue et pour moi aussi, c'est parfois lourd. À certains moments, ça m'étouffe. Mais moi, je peux compter sur la présence d’Anna qui va toujours prendre des initiatives et n’attendra pas de se faire demander quelque chose. Ce sur quoi, apparemment, plusieurs femmes ne peuvent même pas compter.


Je tiens un peu à cette charge mentale. J’y travaille fort. C’est ma façon d’être un allié du mieux que je le peux. Ma femme a l’instinct de la reprendre, parfois en re-planifiant ce que j’ai déjà planifié. Est-ce que la société l’a formée comme ça? Je crois. Mais on réussi à garder une situation magnifiquement partagée, même depuis mon retour au travail. On travaille en équipe et la communication est constante et nécessaire. On pense les choses ensemble et on communique ce qu’on attend de l’autre. Quand un de nous tombe de fatigue, l'autre prend la relève sans avoir à se le faire demander, ni à se le faire expliquer, parce qu'on sait tous les deux exactement ce qu'on doit faire. Cette charge mentale, je ne l’ai donc même pas entièrement, et elle reste pourtant lourde. J’imagine à peine ce que la plupart des femmes doivent constamment supporter.

Maintenant, qu'est-ce qui fait qu'on a réussi à atteindre ce bel équilibre dans notre couple? Et pourquoi, à l'inverse, en 2017 les femmes sont-elles encore coincées dans la position de gestionnaires du foyer alors que la plupart sont elles aussi sur le marché du travail? Il faut tout d'abord arrêter de crois que les pères sont incapables. Vous pouvez ici lire mon autre article à ce sujet.


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