Après un mois...

Berkeley, Californie
Bon Iver - Blood Bank

Photo prise par une amie,
de Critter et la guitare!
Pour ne pas que ça devienne ennuyant, de me suivre sur mon blog, j'ai décidé de rendre ce post le plus intéressant possible. Bourré de photos, de belles histoires et même de vidéos! Et si un paragraphe ne vous intéresse pas, sautez-le!

Je vis présentement chez Seth Holmes, le médecin-anthropologue qui enseigne mon cours de maîtrise en Santé Publique, et qui m'avait offert de venir en Californie. Il est à l'extérieur de la ville, alors je "house-sit" son condo à Berkeley. Et ça inclue de promener régulièrement son chien! Un petit chien-kickable. Imaginez moi avec ça au bout d'une laisse. -2 pour la virilité.

Ma guitare est (presque) ma meilleure amie. À mon retour, je serai bon, promis!

Mais bon, il y aussi de vraies personnes dans ma vie, ne vous inquiétez pas. Je suis d'ailleurs allé au Oktoberfest de San Franciso (pendant que mon frère était à celui de Munich! Ahah) avec quelques personnes. Une magnifique soirée! J'ai appris à Maike à chanter "il est des nôtres, il a bu ça bière comme les autres!", et j'en ai même le vidéo, mais elle refuse que je le publie! ;) 


Bon Iver
Depuis le show extérieur de Bon Iver, leur musique me semble encore meilleure, teintée des souvenirs de la foule qui chante en choeur et de la musique sous les étoiles.
Celle-ci est magnifique! Je vous conseille de la faire jouer pendant que vous lisez le reste du blog. Quoi de mieux pour partager ma vie que de partager la musique qui m'accompagne dans mes histoires!


La vie de rue, à Berkeley. 
Vu à Berkeley : Une rue d'un quartier, complètement fermée. Au beau milieu de la rue, une grande table, environ 30 places, du vin, des bouchées. Tout le quartier est réuni, sans aucun prétexte autre que l'envie de se voir, pour simplement partager un souper entre voisins.

L'avenue Telegraph est toujours très active, de jour comme de nuit. Presqu'autant de gens sont assis sur le trottoir que ceux qui y marchent. Certains que vous appelleriez peut-être des "pauvres et/ou drogués", d'autres simplement venus s'asseoir pour partager leur vie et écouter la musique. Ou participer au jam. À deux pas de là, la nuit, dorment des dizaines de gens dans le People's Park, avec leur sac de couchage et tout ce qui leur appartient. Fiers de ce fief qu'ils défendent courageusement, le parc est leur refuge. Sur les murs de la toilette publique est relatée, en image, l'histoire de la lutte contre les fonctionnaires qui ont voulu leur enlever ce petit coin de dignité. Aujourd'hui, comme à Christiania (à Copenhague), ils y vivent dans une certaine tolérance publique, en attendant la prochaine bataille contre le prochain maire qui essaiera de les déposséder.

Les saisons 
Femme enceinte et le soleil couchant
Vous me dites tous " Ah, chanceux, la Californie, le soleil, etc" ... Vous savez, c'est franchement troublant, le beau temps en continu! Nous sommes habitués à la cyclicité. Nous rangeons notre BBQ en Septembre (bon, ok, en Novembre depuis quelques années...), nous attendons la neige, nous attendons le printemps. Nous passons notre vie à se préparer à la prochaine saison! On ne s'en rend pas compte, mais ça nous laisse une trace de "je dois faire ça avant que la neige tombe" au fond de nous...une espèce de course contre la montre, continuelle. Plutôt que de voir la cyclicité comme une opportunité de répétition, de reprise, de deuxième chance, j'ai l'impression qu'on vit comme si tout devait se jouer en un an, avant l'hiver. Ça m'a pris du temps avant de réaliser. Quand la température est totalement la même, tout l'année, tu te remets en perspective. J'ai l'impression que c'est comme si mon année se déroulait devant moi. Plutôt que de voir un cercle, je vois une ligne continue, une progression, avec des possibilités de deuxièmes chance... Et l'angoisse de ne pas "avoir assez profité de l'été avant que l'hiver arrive", soudain, disparait.


 Ça remet en perspective, mais c'est franchement troublant. Les feuilles tombent aussi, en Californie. Mais elles ne rougissent pas. Et la neige n'arrive jamais pour blanchir le paysage. Il y a comme un partie au fond de moi qui a envie d'un chocolat chaud, d'un chandail de laine et d'une journée froide. Je sais que c'est dur à croire, mais il faut le froid pour apprécier la chaleur des moments réconfortants.


Le moment parfait. 
La température était idéale, 20 degrés, petite brise. 2 heure du matin, pas un bruit. Je me couche dans le gazon, près de l'appartement, et j'apprécie. Je ne sens pas mon coeur battre, car il est totalement calme. Je ne ressens pas la fatigue. L'air est frais et sent le sous-bois, les feuilles mortes, le sapin. C'est ça, la plénitude?

Travailleurs autonomes. 
Ma recherche et la plupart des articles que je lis pour ma revue de littérature tournent autour des Latino Day Laborers à San Francisco et dans le Bay Area, incluant Oakland, où je ferai finalement mes entrevues sur le terrain. J'avais plutôt de la misère à comprendre le concept de day labor, puisqu'au Québec, nous avons des travailleurs saisonniers, mais on ne trouve pas de migrants qui s'offrent comme travailleurs à contrat au coin de la rue. Le concept, à la base, me dérange un peu... Si ça existe, c'est qu'il y a une demande! Alors les gens, effectivement, plutôt que de faire faire leurs tâches sales (bouger des meubles ou de grosses livraisons, entre autre) par un voisin, un ami, un proche, vont aller demander au "Mexicain" sur le coin de la rue. 

Captain America!
Pourquoi ai-je l'impression qu'inhérent à cette pratique se cache des relans de l'ère esclavagiste?  Comme si les vieux principes de hiérarchie raciste étaient toujours de mise? Une job qui n'est pas appropriée pour nous le sera pour le Mexicain? Quand je vois le groupe de 10-12 hispanophones au coin de Fruitvale et Foothill, qui attendent qu'on leur offre du travail, j'ai l'image d'un peuple qui s'offre en soumission aux Américains... Surtout quand je sais qu'ils seront sous-payés, et que j'entends des histoires de certains d'entre eux qui se sont fait mettre dehors de la voiture après le travail sans recevoir un sous. 

Ma recherche se base sur les vulnérabilités structurelles qui pèsent sur les migrants. Les principes, politiques et valeurs cachées qui créent des inégalités en santé chez les travailleurs mexicains. Et une des voies à explorer, c'est justement le racisme dominant et la hiérarchisation qui en découle..

Fanatisme
Parlant de valeurs américaines, je n'ai jamais vu autant de fanatisme... Et je suis en Californie! Je ne pourrais simplement pas survivre si je me retrouvais au Texas... En 2 semaines, je me suis fait prendre trois fois dans des conversations avec des gens qui me promettaient que j'irais en enfer si je n'adhérais pas à leur croyance. J'essaie alors d'ouvrir la porte au débat et de leur laisser la chance de me convaincre, mais malheureusement, un débat, ça se joue à deux. Si tu ne peux pas te remettre en question, ne me demande pas de te suivre dans ton dogme. "Dude, le créationnisme, c'est la vérité, c'est écrit dans la bible. CQFD".... à ce moment précis, je lève le sourcil, émets un rire nerveux, et pars en courant...  Vous croyez que les mormons sont dérangeant dans le métro de Montréal? ...

Et moi?
J'ai dompté ma solitude, et je peux enfin la considérer comme une opportunité, plutôt qu'une plaie. Elle me permet de lire, de jouer de la guitare, de marcher, de réfléchir. Je suis en équilibre entre moi-même et mon monde. Je ne courre pas après la solitude, mais je sais l'apprécier quand elle s'offre à moi. Je ne passe plus mon temps à "Refresh" mon Facebook dans l'espoir d'un semblant d'interaction sociale. Je m'ennuie encore autant de vous, j'ai encore envie de vous voir, de parler autour d'une bière, vous êtes encore aussi atrocement importants dans ma vie. Mais je sais vivre quand vous n'êtes pas autour de moi.

Je ne courre plus, comme une poule sans tête, à chacun de mes déplacements. J'ai perdu toute angoisse, tout stress inutile. J'apprends au rythme que je veux. Je n'ai plus les yeux rouges. Je n'ai plus de tachycardie permanente. Je n'ai plus de fatigue continuelle.

Je suis sur la bonne voie? :)

Sur ce, à la revoyure!



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