Un air de par chez nous



Montréal et l'éveil
23 juin 2012
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Oui tiens, je continue d'écrire. Car ma vie continue et se rempli d'expérience tout aussi intéressantes que mon voyage l'a été. Le retour n’est pas la fin de quoi que ce soit.  Peut-être la fin d’un voyage, mais certainement pas la fin d’une vie. Seulement le début d’une nouvelle histoire. Si j’ai cru au départ que ce voyage me permettrait de vivre, c’est que j’avais oublié à quel point j’avais l’intention de vivre « toute ma vie », peu importe où je suis.

Montréal est ma ville. Je n’en doute plus. Et le Québec mérite que j'y accorde mes plus belles phrases.

Et ce n’est pas parce qu’elle m’offre un confort abrutissant. C’est au contraire parce qu’elle me permet de découvrir quotidiennement.  Et il y a tout de partout. Je ne me sens jamais loin de rien. Me promener au marché Jean-Talon le matin, avec les odeurs de légumes frais et d’épices me transporte ailleurs. Et ce marché, il fait l’envie de bien d’autres villes dans le monde. Mais quand on le prends pour acquis, on ne réalise pas sa valeur. Je remarque plus que jamais les restaurants Tunisiens, les kebabs turcs. Je ne me sentirai jamais bien loin d’où que ce soit. Le festival nuits d’Afrique, cet été, et les francofolies, pour célébrer ce qui rend Montréal exceptionelle. Cette capitale européenne au cœur de l’Amérique du Nord.

La réalité de Montréal, ce ne sont pas les échangeurs bloqués. Je laisse cette réalité aux banlieues. C’est plutôt les quartiers aux appartements vieillis, avec leurs escaliers en colimancons qu’on ne trouve nulle part ailleurs, les arbres qui encadrent les rues, les vélos, les marchés locaux, les boulangeries, les petits cafés. C’est de se rendre à l’Université de Montréal, de regarder au Nord, et d’avoir l’impression de vivre dans une forêt plutôt qu’une ville. C’est de prendre ses skis en hiver et d’être au bord d’un lac au sommet d’un mont en pleine ville, et d’être capable de se sentir isolé.


Et en ce moment, Montréal c’est aussi grisant. Au moment de commencer à écrire ces lignes, quelque part en mai, j'en était seulement à ma deuxième manifestation nocturne, alors que plusieurs ont suivi. Après trois mois à vivre le mouvement à distance, je devais rapidement sublimer mon besoin d’en faire partie. Et si TVA vous lance des images de violence, et que Richard Martineau nous infantilise à outrance, j’espère quand-même que vous avec la conscience de réaliser les idéaux qui ont mis ses étudiants quotidiennement à la rue. Oui, l’ambiance est festive. Mais ce n’est pas un party. C’est une façon d’utiliser tout l’espoir qui leur reste pour se résilier et vivre la situation positivement, malgré que tout le monde soit exténué par la crise. La frustration est palpable. La démocratie est démembrée à coup d’injonctions, de recours à la loi spéciale, de négociations de mauvaise foi. Les étudiants demandent du respect. Ils demandent de se faire écouter. C’est légitime, parce que des idées, ils en ont, et de la responsabilité, ils en ont. Ils sont en train d’assumer la responsabilité d’un avenir. Et leur devoir, c'est de prendre la rue. La pire action du gouvernement en ce moment n’est plus la hausse comme tel. C'est le matraquage de de sa jeunesse, de la démocratie, des espoirs collectifs et de la vie sociale. Soyez fiers de vos étudiants qui se permettent encore de croire et qui refusent l'individualisme qu'on leur rentre dans la gorge. 

Et Berthier aussi, que j'ai beaucoup délaissé, n'est pas en reste en termes de charmes. Berthier a beaucoup d'atouts pour apaiser un homme stressé, et je ne parle pas seulement du confort de la maison familiale.  Parfois, j'y passerais toute la soirée à regarder juste comment le soleil d'été se couche derrière les arbres en donnant une teinte orange-rosée à tous, les arbres, les nuages, les maisons, et comment le vert ressort de ce contraste fou, et comment la cour n'est devenue qu'une magnifique forêt, que la température est idéale, le calme est parfait. 


La Côte-Nord et la sainte paix
20 juillet 2012
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J'avais promis que je passerais l'été au Québec. Et même si je me suis retrouvé à plus d'un millier de kilomètre de distance de Montréal, j'ai tenu ma promesse. Voyant l'opportunité de participer au stage en santé autochtone INcommunity à Natashquan, j'ai sauté sur l'occasion...

Dès Sept-Île et même avant, les fenêtres ouvertes, l'odeur du varech fait tomber tout le stress qui aurait pu me rester au cours de l'année. Le rythme de la ville est complètement remplacé par celui de la marée et des vagues du St-Laurent qui n'en fini plus de s'élargir à en perdre la rive opposée.


Au bout de la 138, le St-Laurent est une mer et chaque rivière est aussi vaste qu'un fleuve. La rivière Natashquan est un bassin de sable d'un kilomètre de large à marée basse, un Sahara encavé au milieu de la toundra. Au bord de la mer, on voit le Nordique Express quitter pour la Basse-Côte-Nord et on se surprend à rêver de partir pour ces villages encore inatteignables par la route comme Kegaska et Blanc-Sablon.

Il règne à Natashquan une poésie omniprésente, comme si les vers y étaient écrits dans l'air qu'on respire. Au café-Bistro l'échouerie, à voir le soleil couchant bercer la mer et colorer les maisons blanches sur les galets, on pourrait réécrire les chansons de Gilles Vignault sans même les connaître.


" À longtemps regarder la mer, on se fait un horizon de l'âme"
- Gilles Vignault

Nous étions accompagnés de Dr Vollant, le fameux chirurgien Innu qui est le mentor du stage. L'immersion culturelle était parfaite alors que le stage se déroulait au même moment que le festival Innucadie. Rester chez la famille au sein de la réserve nous permettait aussi un échange magnifique, et le centre de santé a été des plus accueillants. Ce fut parfois très relaxe, mais on devait s'y attendre. "Indian Time", comme ils le disent eux-mêmes. Ce qui est drôle, c'est que c'est facilement transposable à "Latino time", "African time", "West coast time", ou n'importe qui d'autres pour qui le temps ne doit pas être une raison de stress excessif.


J'ai mangé le meilleur saumon fumé de ma vie, fraîchement pêché et fumé dans un tipi. Du homard, de l'outarde. Une gastronomie magnifique. On s'est gâté.

On s'est arrêté à Baie-St-Paul, à l'allée, pour dormir dans une auberge jeunesse en flanc de montagne avec vue sur la baie. J'apprécie tellement l'ambiance des auberges jeunesses, et y rester me renvoie en voyage, dans un autre monde.

Au retour, nous avons fait un petit arrêt pour partir en Kayak à Tadoussac. Le Fjord du Saguenay est tellement magnifique. Et une belle ondée s'est abattue sur nous pendant qu'on était sur l'eau, rendant l'expérience encore plus magique. Vers le retour, la vue sur le fjord à partir de la Baie avec le soleil couchant sur les nuages, c'était mythique.



Disons que perdre notre air climatisé naturel, en retournant dans la canicule Montréalaise, n'a pas été totalement facile...




Gaspésie - La Grande Escapade 
La Chicane - Calvaire (Qu'on chantait à tue-tête pendant les jours de pluie)
20 août 2012

Depuis combien de temps je parle de faire le tour de la Gaspésie? Je dois vous faire une confession... Le plus loin que j'étais allé, c'était St-Anne-des-Monts. Eh non, je n'avais jamais vu le rocher percé. Rien de bien triste, mais plutôt honteux quand tu as vu plus à l'étranger que dans ton propre pays...

Alors cette année, je devais me rattraper.

Et en vélo, tiens!

Un beau défi, parce que j'aime toujours ça. Une foutue belle randonnée pas trop préparée d'avance, pas assez réfléchie, mais oh longtemps rêvée.

Souvent, entre le projet planifié et la réalité mise en contexte, il y a tout un monde, et les déceptions sont faciles. Sauf si on s'attend à n'importe quoi, et qu'on est près à trouver du positif dans quoi que ce soit. Une belle leçon d'attitude...

Alors, muni de mon 10-vitesses, et avec encore une fois Mathieu comme complice, on a attaqué les côtes gaspésiennes à partir de Matane. "Oh, t'es pas trop bien gearé!", me lance un vieux de Matane qui a l'expérience du vélo dans son patelin. "Tu vas en marcher une shot d'in côtes!". Et effectivement, à l'approche des côtes de la Madeleine, avant Grande Vallée, je n'ai pu que lui donner raison. Une belle côte, avec des inclinaisons de 12%, sur un beau 4 km. Il y a simplement une limite à ce que des jambes peuvent produire...

Et la descente, de l'autre côté, a eu raison de mes freins!

Les premières journées en Haute Gaspésies ont été magnifiques. Exténuantes à souhait et bien ensoleillées, on ne pouvait pas demander mieux. J'ai laissé tombé mon envie de simplement dormir sur les bords de routes, et j'ai concédé à louer des campings pour nos tentes. Il y en a quand-même eu des magnifiques, comme ce coucher de soleil sur le golfe immense, ou cette merveilleuse soirée au chaleureux Sea Shack, avec notre darne de saumon grillée et notre camping directement sur la plage.

Nous sommes allés camper au Parc Forillon avec mon cousin Charles et sa copine, Ariane qui nous rejoignait pour le reste de la route, et la très chaleureuse famille Bourdages (un gros merci!). Nous avons pris une pause à Gaspé pour le festival de musique du bout du monde et manger un bon sandwich aux crevettes en buvant de la Pit Caribou.

Et là, il fallait bien s'y attendre, après des semaines de sécheresse, il fallait bien qu'un peu de pluie se présente, et on a été gâté. Au point ou le moral vacillait par moment. Parfois, heureusement qu'il y avait des moments d'éclaircie pour nous empêcher de reprendre le bus...

Qu'on ne se trompe pas, on était très heureux de le faire, et on ne regrette rien. Mais les pieds mouillés, le matelas de sol mouillé, la tente mouillée, nos vêtements mouillés... On se demandait si ça en valait la peine.

Mais oui, ça valait le coup. Et bon, on est aussi très orgueilleux. Mais on le referait. Et il y a eu des moments magnifiques. Un gros merci à la grand-maman de Marie-Pier qui nous a permis d'envahir son sous-sol pour une nuit, le temps de se sécher et de savourer un magnifique pot-en-pot aux fruits de mer, avec toute la saveur d'un bon plat maison plein d'amour. Ça nous a aussi permis de se délecter de l'accent Gaspésien, qui s'empare même de Marie-Pier en été. On dirait que les gens de la Gaspésie laissent la fin de leurs phrases s'envoler avec le vent du large.

On a tant d'histoires à raconter avec tant d'étincelles dans les yeux et le rire dans la voix que ce serait un crime de simplement les écrire. On s'en reparlera. De Matane à Amqui, en passant par Gaspé, Percé, Bonaventure, Causapscal et la vallée de la Matapédia... on s'est rempli la tête et le coeur de paysages magnifiques et d'histoire magiques à raconter.

On réussissait même à être positif après le 6e changement de pneu de Mathieu!

Nous avons finalement remis nos vélos dans des boîtes et repris le chemin de la maison, après 750 km de bonheur, de fous rires, et de périodes de concentration mentales intenses pour donner tout ce qu'on pouvait.

J'ai passé une journée à Québec avec Ariane au retour, question de renouer avec une petite perle d'Amérique du Nord auquel j'accordais encore trop peu d'importance jusqu'à récemment. Merde, c'est beau Québec! Bon, je n'aurais pas envie d'y rester...mais je n'ai pas pu rester indifférent au charme d'une ville qui rappelle tant l'Europe!

Bon. Maintenant. On commence l'externat pour vrai... Et si vous croyez que j'ai vécu des aventures jusqu'à présent, attendez de voir ce qui s'en vient! Venez donc faire un tour chez nous, dans mon nouveau chez moi stable, pour qu'on se jase de tout ça autour d'un verre!...





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